Ce dispositif de 64 hexagrammes et de leurs commentaires et transformations est à la source de la pensée chinoise. Tr. Wilhelm (en, fr).
38. K'ouei / L'Opposition | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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courant binôme échange trig. opposé tête en bas X maître gouvernant X '' constituant
L'hexagramme se compose du trigramme supérieur Li, la flamme, qui flamboie vers le haut, et du trigramme inférieur Touei, le lac, qui s'infiltre vers le bas. Ces mouvements sont dirigés en sens opposé. En outre Li est la cadette et Touei, la plus jeune des filles. Bien qu'elles habitent la même maison, elles appartiennent à des hommes différents; par suite, leurs volontés ne sont pas unanimes mais vont en sens contraire.
Quand les hommes vivent en opposition et éloignés les uns des autres, il n'est pas possible d'exécuter en commun un travail considérable. Les dispositions diffèrent trop entre elles. il importe avant tout de ne pas procéder de façon directe et brusque, car on ne ferait que rendre l'opposition plus aiguë encore, mais on doit se limiter à des actions graduées portant sur de petites choses. On peut encore ici escompter la fortune, car la situation est telle que l'opposition n'exclut pas toute compréhension. L'opposition qui, d'une façon générale, apparaît comme une obstruction, possède, en tant que polarité de contraires à l'intérieur d'un ensemble qui les englobe, sa fonction bonne et importante. Les oppositions entre le ciel et la terre, l'esprit et la nature, l'homme et la femme réalisent par leur équilibre la création et l'éclosion de la vie. Dans le monde des choses visibles, l'opposition rend possible la différenciation par espèces grâce à laquelle l'ordre s'établit dans le monde.
Les deux éléments du feu et de l'eau, même placés ensemble, ne se mélangent pas mais conservent leur nature propre; ainsi l'homme cultivé ne se laissera pas rendre semblable aux hommes dont la nature diffère de la sienne, par les relations et les intérêts communs qu'il peut avoir avec eux, mais il conservera dans toute communauté son individualité propre.
Même au temps de l'opposition on peut agir de manière à demeurer exempt de fautes, si bien que le remords disparaît. Lorsque l'opposition se dessine, il ne faut pas vouloir créer de force l'unité. On ne ferait alors qu'atteindre le résultat contraire, de même qu'un cheval s'éloigne toujours davantage quand on lui court après. Si c'est notre cheval, nous pouvons en toute tranquillité le laisser courir : il revient de lui-même. C'est ainsi également qu'un homme qui est des nôtres et qui s'est momentanément éloigné de nous par suite d'un malentendu revient spontanément si où le laisse faire. Il convient d'autre part d'être prudent quand des hommes mauvais qui ne sont pas des nôtres se frayent un chemin vers nous, également à la suite d'un malentendu. Il importe ici d'éviter les fautes : ne pas vouloir les écarter de force, car on ne parviendrait qu'à faire naître l'hostilité, mais les supporter patiemment; ils se retireront bientôt d'eux-mêmes.
Par suite de malentendus, des hommes unis par une nature semblable ne peuvent se réunir de façon pleinement correcte. Une rencontre fortuite dans des circonstances dépouillées de cérémonies peut alors être utile du moment qu'existe une affinité intérieure.
Il semble parfois que tout conspire contre nous. Nous nous voyons entravés et arrêtés dans nos progrès, nous nous voyons insultés et blessés (couper les cheveux et Je nez constituait un châtiment grave et déshonorant). Toutefois on ne doit pas alors se laisser égarer, mais il faut, malgré les oppositions, se tenir à l'homme avec qui l'on se sait doté d'affinités. Ainsi en dépit du mauvais commencement la fin sera bonne.
Quand nous nous trouvons dans une compagnie dont nous sommes séparés par une opposition intérieure, nous tombons dans l'isolement. Si toutefois, dans une telle situation, nous rencontrons un homme qui est d'emblée des nôtres en raison de l'ensemble de sa nature et à qui nous puissions faire don de toute notre confiance, nous triomphons de tous les dangers de la solitude. Notre volonté parvient au succès et nous sommes exempts de fautes.
On rencontre un homme fidèle que l'on ne sait tout d'abord reconnaître à cause de l'éloignement général. Mais il se fraye un chemin en mordant au travers des voiles qui causent la séparation. Pour celui à qui ce compagnon se montre dans sa véritable nature, c'est un devoir que d'aller à sa rencontre et de travailler avec lui.
L'isolement est ici causé par des malentendus; il ne provient pas des circonstances extérieures, mais des dispositions intérieures. On méconnaît son meilleur ami, on le tient pour un porc impur et souillé de boue; on le croit dangereux comme un char rempli de démons. On adopte une attitude de défense. Toutefois on finit par reconnaître son erreur, on dépose son arc et l'on se rend compte que l'autre s'avance dans les meilleures intentions pour réaliser une union étroite. Ainsi la tension tombe. L'union fait s'évanouir l'opposition, comme la pluie en tombant dissipe la chaleur étouffante qui régnait avant l'orage. Tout va bien, car c'est précisément lorsqu'elle est parvenue à son point le plus aigu que l'opposition se transforme en son contraire
Yi King, le Livre des Mutations – Yi Jing I. 38. – Chinois on/off – Français/English
Alias Yijing, I Ching, Yi King, I Ging, Zhou yi, The Classic of Changes (Lynn), The Elemental Changes (Nylan), Le Livre des Changements (Javary), Das Buch der Wandlung.
Le Canon des Poèmes, Les Entretiens, La Grande Étude, Le Juste Milieu, Les Trois Caractères, Le Livre des Mutations, De la Voie et la Vertu, 300 poèmes Tang, L'Art de la guerre, Trente-six stratagèmes
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